Fiche d’identité et prologue
Nom : No Kanetô.
Prénom : Tomoe.
Âge : 30 ans.
Adresse : Avenue Louis Lepoutre, près de la Place Brugmann.
Situation : célibataire, mère japonaise, Tomoe est une métisse non reconnue par le père allemand.
Métier : Traductrice, interprète auprès de la commission européenne.
Allure : jeune, élancée, toujours élégante.
Hobbies : équitation et natation.
Proches : Maria, femme de ménage, concierge polonaise de son immeuble,
Pierre, un médecin, jeune généraliste, épris d’elle sans retour…
Tomek, le fils de la concierge, 16 ans, bricoleur.
Trait de caractère : s’emporte pour un rien.
Aspect sympathique : un sourire désarmant.
Aspect antipathique : lunatique, parfois complètement repliée sur elle-même.
Dé couleur : 6
Formule de six chiffres : 1, 4, 4, 5, 3, 2.
Dé pour le prologue : 2, pair !
Prologue
Il fait froid. La nuit est déjà bien avancée. La mare est étale, pareille à un miroir qui reflète les grands arbres qui l’entourent.
Tomoe n’a plus dormi depuis plusieurs nuits. Elle est épuisée, lasse de tout, un mal-être diffus la ronge depuis de longues heures. Sa décision est prise. Elle rempli ses poches de galets, les plus lourds qu’elle trouve.
Elle descend vers la mare, les pieds nus s’enfoncent dans la vase. Elle avance jusqu’au milieu de l’eau, là où les reflets de la pleine lune se livrent en milliers de petits éclats brillants comme des diamants. La mare est peu profonde, elle s’agenouille et se penche en avant pour plonger sa tête sous la surface glacée…
Sur la berge, un miroir vénitien git, brisé…
⁎
Tomoe a trente ans. De sa mère japonaise, elle a hérité d’une belle élégance. De son père allemand qui ne l’a jamais reconnue, elle garde un caractère parfois taciturne. Traductrice-interprète auprès de la Communauté Européenne, son métier très fatiguant lui apporte une aisance qui la met à l’abri de tous soucis matériels.
- ---Tu nous rejoins chez Kafenio, le grec de la rue Stévin ?
- - Oh non ! Je suis crevée. J’ai travaillé seule toute la journée. Du japonais vers l’anglais ce matin pour la visite du Premier nippon chez von der Leyen puis pour la Chancelière allemande en commission des affaires étrangères ! Rien que des dossiers techniques compliqués !
- - Bah, viens te détendre avec nous…
- - Pour entendre parler du boulot, non merci, je rentre chez moi ! Demain, j’ai la réunion plénière du mois. Si je suis encore seule dans ma cabine, je refuse de travailler, j’ai prévenu le staff !
Elle enfourche son vélo électrique et descend la rue Jourdan jusqu’à la place du même nom. Quand soudain, elle le voit !
Il est là, discret, presque caché sous une épaisse couche de poussière ! Son rêve ! Dans la vitrine crasseuse d’un dépôt de troc !
Depuis qu’elle le cherche ce miroir vénitien. Il est là. Pas trop grand, quarante-cinq sur quatre-vingts centimètres. En bon état sauf quelques petites ébréchures à peine visibles sur les tranches. D’un prix abordable. Il semble n’attendre qu’elle. Tomoe se précipite dans la boutique, se saisit de l’objet convoité et file vers la caisse !
Enfin, elle possède son miroir vénitien !
À peine arrivée chez elle, Tomoe sonne chez la concierge et demande si son fils est présent. Maria, la concierge polonaise qui est aussi sa femme de ménage, est la mère d’un jeune homme déluré, Tomek, pas très assidu aux cours de l’athénée voisin mais habile de ses mains et bricoleur dans l’âme. Gentil, très gentil quoiqu’un peu mystérieux parfois, il ferait tout pour lui être agréable…
Elle le croit un peu épris d’elle. Elle souhaite qu’il accroche le miroir. Elle veut voir son achat trôner sur le mur d’entrée de son appartement à côté de la porte. La première chose à voir en entrant, la dernière chose qui captera son regard en sortant !
Dans l’ascenseur, elle croise Pierre, le jeune médecin qui habite sur le même palier qu’elle. Célibataire comme elle, ils se rassemblent parfois autour d’un spaghetti quand il termine tard ses tournées à domicile. Elle n’éprouve pour lui que des sentiments d’amitié alors qu’il voudrait aller plus loin dans leur relation.
- - Vous avez un nouveau miroir ? Enfin, nouveau ! Il me semble avoir déjà bien vécu…
- - Oui, il a dû en voir des choses… Tomek va me l’accrocher…
- - Je peux le faire si vous le voulez…
- - Tomek passe dans une heure…
- - Ah ? En lui-même, il pense mais qu’est-ce qu’elle lui trouve à ce satané Komek ?
Tomoe ne peut s’empêcher de sourire devant la mine déconfite de Pierre. Celui-ci se reprend vite car elle l’invite à la rejoindre pour le spaghetti traditionnel, une fois le miroir mis en place.
Nul n’en doute encore, les choses ne seront plus jamais les mêmes…
⁎
Prologue : 663 mots.
Au total : 813 mots avec la fiche d’identité.
Bonjour Yan,
RépondreSupprimerVoilà le décor bien planté! Et notre Bruxelles au milieu comme paysage.
Elle doit être bien jolie Tomoe... le mystère du métissage, mais aussi entre deux cultures... pas toujours simple. Mais bon , en attendant, elle est à l'aise et semble assez sûre d'elle. Trop peut-être? Qu'est-ce qui l'attend?
France
Bonjour Yan,
RépondreSupprimerTon personnage Tomoe veut en finir avec la vie ... Est-ce un songe ? Ou une époque de sa vie qu'elle préfère oublier ? Il est déjà question d'un miroir. Est-ce celui-là qu'elle cherche et qu'elle est tellement heureuse de trouver dans un dépôt-vente ?
Elle semble avoir un caractère affirmé mais peut-être n'est-ce qu'une façade : elle se blinde pour ne pas/plus souffrir.
Une crainte : Que la promesse qui lui a été faite ne soit pas tenue et qu'elle doive travailler à nouveau seule.
Un rêve : Tenir une magasin spécialisé dans les antiquités japonaises et retrouver son père.
Cordialement,
Cathy
Bonjour Jan,
RépondreSupprimerNotre groupe, dont moi, a du mal à démarrer.
Je t'avoue que j'ai lu ton texte il y a déjà un bon moment et je me suis dit que tu mettais la barre très haut. Je le relis ce soir et je te félicite, c'est magnifiquement bien écrit. Cela change de l'écriture dramatique que tu réussissais admirablement bien.
Faut-il penser que le début du texte ne fait que présager de ce qui va advenir à ton héroïne Tomoe une fois qu'elle est en possession du miroir vénitien ? Lui porterait-il malchance ?
C'était Gisèle
SupprimerBonjour Jan,
RépondreSupprimerSuper les 2/3 premiers paragraphes qui laissent entrevoir une fin dramatique de ta nouvelle.
J’aime déjà la charmante Tomoe, adepte du vélo, qui a trouvé le miroir de ses rêves.
Peut-on imaginer une aventure amoureuse entre Tomoe et le très – trop - jeune Tomek ( il ne semble pas insensible au charme de la jeune femme) ou alors, plus classiquement, avec Pierre, le jeune médecin qui loge sur le même palier qu’elle ?
Bon travail ou l’on reconnait ta facilité à construire un dialogue. Bravo.
Cordialement, Christian
Bonjour Jan,
RépondreSupprimerTu ouvres le rideau avec une scène quasi onirique qui évoque un suicide avorté avec des descriptions et des images fortes.
Vision, rêve ou souvenir?
Superbes descriptions qui nous plongent dans le décor sans pouvoir agir.
L'eau glacée et les galets évoquent le poids des souffrances passées.
Le miroir, lui, reflète bien les préoccupations intérieures de Tomoe, son rapport au passé et son désir de se libérer de tout cela.
Dans la seconde partie, tu alternes avec les pensées de Tomoe, dans un langage simple et direct, ce qui donne un équilibre entre distance et intimité.
Ton personnage attachant et complexe offre de nombreuses pistes d'interprétation autour de la quête de soi et du rôle symbolique du miroir.
Sa crainte: oser afficher ouvertement son mal-être au boulot
Son rêve: être enfin reconnue par son père
Merci pour ce prologue prometteur, Jan!
A très bientôt!
Colette
Bonjour Jan,
RépondreSupprimerTu situes le début de ton histoire dans les années 2019 et 2021 puisque Angela et Ursula puisque Tomoe est traductrice-interprète pour les deux femmes en même temps à la Commission Européenne.
Le cadre m'oblige à penser que la politique va s'en mêler. Donc les problèmes de société...
Crainte de Tomoe : le burn out = l'épuisement au travail, l'isolement, le harcèlement
Rêve : devenir ambassadrice au Japon et quitter Bruxelles malgré son attachement à la ville.
Au plaisir de te lire prochainement,
Gisèle
Pour créer le suspense, demandez Jan ! D'abord la tentative de suicide (rêvée ou pas ?), puis "Nul n'en doute (ou plutôt : ne s'en doute ?), les choses ne seront plus jamais les mêmes."
RépondreSupprimerCela signifie-t-il que la jolie Tomoe, en se scrutant dans ce miroir, va découvrir qu'elle fait fausse route en s'enfermant dans un poste bien rémunéré mais épuisant , et en négligeant insatisfaits des amoureux plus ou moins transis ? Ce qu'elle va voir dans ce miroir, c'est l'image qu'elle donne, qu'elle veut donner, mais ce n'est qu'une image, donc en mensonge. Peut-être y verra-t-elle aussi quelque chose derrière elle qu'elle n''aurait pas pu voir sans lui et qui va faire changer les choses ?
Voilà ta nouvelle bien lancée puisqu'elle suscite notre curiosité !
Au plaisir de lire le prochain épisode !
Marie-Claire
Bonjour Jan,
RépondreSupprimerLa marre est chez moi, un lieu de malheur. Mais , ça, c'est chez moi. Pourtant , je devine chez toi un même ressenti : le premier paragraphe, ce début de suicide serait-il la fin de ta nouvelle? Mais dans cet espace d'eau glacée, assombri par un miroir brisé, l'espoir est éclairé par une pleine lune et tant de diamants. Des brillants ...d'espoir?
Tu nous présentes clairement les personnages, un lieu et une ambiance de travail. Tu poses un cadre, tu accroches un miroir...Des dynamiques relationnelles s'établissent.
La crainte de s'enliser dans des relations amoureuses impossibles semble présente
Le rêve de pouvoir dormir en paix, enfin, de retrouver une paix intérieure en elle, au travers une affection trouvée, ou retrouvée...
Oui, mille dynamiques sont possibles à partir d'un pallier. Et d'un miroir. Accrocheur.
Merci
Patrick
Bonjour Jan,
RépondreSupprimerTrès belle introduction wAW! Ton texte m'a tout de suite plus, je le trouve captivant. Une rivalité est en train de naître entre Pierre et kOMEK?
"Son rêve" est déjà réaliser : le miroir vénitien . Quel est l'origine de ce rêve? Crainte: que Pierre devienne un peu trop insistant...
Merci.
Nadera
Micheline :
RépondreSupprimerBonjour, Jan...
A la première lecture, j'ai été désarçonnée par une entrée en matière aussi noire suivie tout aussitôt d'une amorce de récit qui évoque un climat des plus quotidien avec ses hauts et ses bas.
Elle a l'air sympa, Tomoe!
Ce qui retient mon attention, ce n'est pas tellement la surcharge de travail qui paraît l'accabler ni le penchant (éventuel??) qu'elle éprouve pour Tomek. Non, je suis curieuse de voir comment vont évoluer ses contacts avec Pierre.
Si bref soit-il, ce Prologue m'a accrochée. Davantage que des dialogues de théâtre. Sorry!
J'admire une fois de plus ton imagination, ta faculté d'évoquer des lieux particuliers avec des personnages hors du commun. Il faut avoir de sérieuses connaissances pour fouler et décrire l'ambiance des auditoriums de la politique européenne! Mais je connais ta curiosité et ton sens du détail pour rendre un récit et ses décors parfaitement crédibles.
Au travail donc, pour la suite!
Je l'attends, ta Tomoe!
Amicalement,
Micheline.
Bonjour Jan,
RépondreSupprimerTon prologue nous offre un beau moment de lecture.
La première partie d’une écriture imagée et poétique pourrait bien être aussi un épilogue. Ecrirais-tu une nouvelle en boucle dont tu nous livres le dénouement avant de commencer l’histoire ? C’est une astuce de construction très à la mode. Perso, j’aime autant ne pas connaitre la fin avant de commencer, mais c’est subjectif.
Dans la deuxième partie, d’une écriture plus fonctionnelle, tu développes ta fiche. On apprend l’essentiel sur l’entourage et le mode de vie de Tomoe qui apparaît comme un personnage attachant. Tu nous donnes envie d’en savoir plus. C’est tout l’intérêt d’un prologue.
Deux détails d’écriture qui me paraissent un peu « explicatifs »
Elle n’éprouve pour lui que des sentiments d’amitié alors qu’il voudrait aller plus loin dans leur relation.
Il me semble qu’une forme plus lapidaire serait plus expressive. Je pense à quelque chose genre ;
Il est amoureux, elle l’aime bien.
Lui est amoureux, elle, elle l’aime bien.
En lui-même, il pense mais qu’est-ce qu’elle lui trouve à ce satané Komek ?
Je pense que tu pourrais donner une connotation plus marquée à cette phrase
Il fulmine/enrage en silence : mais qu’est-ce qu’elle lui trouve à ce satané Komek
Je me suis demandé si Komek au lieu de Tomek était une faute de frappe – le T est tout de même très éloigné du K sur le clavier ! – ou une volonté de montrer que Pierre, par mauvaise foi, déforme volontairement le prénom du gamin. Si c’est le cas, il faudra que ce soit récurrent.
Dans ton premier chapitre sous le signe du vert, Tomoe a un problème d’argent.
Bon travail,
Liliane
Bonjour Jan,
RépondreSupprimerDès le début, tu nous plonges dans l'étrange. La première scène se déroulera-t-elle dans l'avenir ou n'est-elle qu'un rêve que fait Tomoe ?
Étrange aussi la proximité des prénoms : Tomoe et Tomek, le fils de Maria.
Tu nous dis déjà que l'ado est amoureux de ton héroïne. Comment celle-ci va gérer cette situation ?
Elle semble d'ailleurs trop absorbée par son travail pour être disponible à une relation affective, à moins qu'elle ne fasse un jour une rencontre qui pourrait tout changer.
LA crainte de Tomoe pourrait être de perdre son travail. La Commission Européenne paie bien, ce qui lui permet un mode de vie confortable et sans souci pécunier. Mais l'AI est de plus en plus présente. Et si dans un proche avenir on n'avait plus besoin d'interprète ? Que pourrait-elle faire d'autre ?
Comme toujours, te lire est un vrai plaisir. Aussi ai-je hâte de voir la suite.
José