Le dernier regard…
Prologue
Il fait froid. La nuit est déjà bien avancée. La mare étale, pareille à un miroir, reflète les grands arbres qui l’entourent.
Tomoe n’a plus dormi depuis plusieurs nuits. Elle est épuisée, lasse de tout, un mal-être diffus la ronge depuis de longues heures. Sa décision est prise. Elle remplit ses poches et son sac à dos de galets, les plus lourds qu’elle trouve.
Elle descend vers la mare, ses pieds nus s’enfoncent dans la vase. Elle avance jusqu’au milieu de l’eau, là où les reflets de la pleine lune se livrent en milliers de petits éclats brillants comme des diamants…
Elle plonge la tête sous la surface glacée…
Sur la berge, un miroir vénitien git, brisé…
Episode 1
No Kanetô Tomoe a trente ans. De sa mère japonaise décédée quand elle n’avait pas encore sept ans, elle a hérité d’une belle élégance. De son père allemand qui ne l’a jamais reconnue mais l’a accueillie après la disparition de sa mère, elle garde un caractère parfois taciturne. Interprète auprès de la Communauté Européenne, son métier très fatigant lui apporte une aisance qui devrait la mettre à l’abri de tous soucis matériels.
- Tu nous rejoins chez Kafenio, le grec de la rue Stévin ?
- Oh non ! Je suis crevée. J’ai travaillé seule toute la journée. Du japonais vers l’anglais ce matin pour la visite du Premier nippon chez von der Leyen puis pour la chancelière allemande en commission des affaires étrangères ! Rien que des dossiers techniques compliqués !
- Bah, viens te détendre avec nous…
- Pour entendre parler du boulot, non merci, je rentre chez moi ! Demain, j’ai la réunion plénière du mois. Si je suis encore seule dans ma cabine, je refuse de travailler, j’ai prévenu le staff !
Elle enfourche son vélo électrique et descend la rue Jourdan jusqu’à la place du même nom. Quand soudain, elle le voit !
Il est là, discret, presque caché sous une épaisse couche de poussière ! Son rêve ! Dans la vitrine crasseuse d’un dépôt de troc !
Depuis qu’elle le cherche ce miroir vénitien. Il est là. Pas trop grand, quarante-cinq sur quatre-vingts centimètres. En bon état sauf quelques petites ébréchures à peine visibles sur les tranches. D’un prix abordable. Il semble n’attendre qu’elle. Tomoe se précipite dans la boutique, se saisit de l’objet convoité et file vers la caisse !
Enfin, elle le possède, son miroir vénitien !
À peine arrivée chez elle, Tomoe sonne chez la concierge et demande si son fils est là. Maria, la concierge polonaise qui est aussi sa femme de ménage, est la mère d’un jeune homme déluré, Tomek, pas très assidu aux cours de l’athénée voisin mais habile de ses mains et bricoleur dans l’âme. Gentil, très gentil quoiqu’un peu mystérieux parfois, il ferait tout pour lui être agréable…
Elle le croit un peu épris d’elle. Elle souhaite qu’il accroche le miroir. Elle veut voir son achat trôner sur le mur d’entrée de son appartement à côté de la porte. La première chose à voir en entrant, la dernière chose qui captera son regard en sortant !
Dans l’ascenseur, elle croise Pierre, le jeune médecin qui habite sur le même palier qu’elle. Célibataire comme elle, ils se retrouvent parfois autour d’un spaghetti quand il termine tard ses tournées à domicile. Il est éperdument amoureux d’elle mais elle n’éprouve pour lui que des sentiments d’amitié.
- Tu as un nouveau miroir ? Enfin, nouveau ! Il me semble avoir déjà bien vécu…
- Oui, il a dû en voir des choses… Tomek va me l’accrocher…
- Je peux le faire si tu le veux…
- Tomek passe dans une heure…
- Ah ? Il fulmine. Mais qu’est-ce qu’elle lui trouve à ce satané Tomek ?
Tomoe ne peut s’empêcher de sourire devant la mine déconfite de Pierre. Celui-ci se reprend vite car elle l’invite à la rejoindre pour le spaghetti traditionnel, une fois le miroir mis en place.
Nul ne s’en doute encore, les choses ne seront plus jamais les mêmes…
Episode 2
Heureuse, oui, elle est heureuse face au miroir, Tomoe.
Elle retrouve cette jouissance de son enfance quand elle se regardait dans celui de la petite coiffeuse rose, comme tous les jouets offerts aux filles.
Elle se souvient toujours de cette surface trop petite qui ne pouvait que lui renvoyer une image parcellaire d’elle-même. Cette image l’a forgée comme elle est aujourd’hui. Image fascinante, appréciée souvent, combattue plus encore…
Ce soir, c’est spaghetti chez elle ! Pierre, son voisin pressant, a apporté un Médoc de derrière les fagots. Deux bouteilles ! Il faut bien ça pour l’apéro et le plat a-t-il dit. Tomoe achève de dresser la table, elle dépose trois couverts…
- Tomek n’arrive pas. Ce n’est pas son habitude d’être en retard !
Pierre s’étonne :
- Ah ? Il est prévu celui-là ?
- Ben oui ! Faut le remercier pour avoir accroché le miroir…
- Un joint l’aurait comblé, non ?
- Oh, jaloux !
- Moi ? D’un gamin de seize ans ? Qui n’a même pas un poil au menton ?
- Si, si, tu es jaloux de ce môme…
On sonne à la porte. Tomek apparaît, visiblement très énervé. Il se précipite à l’intérieur. Son bonjour est laconique :
- Je peux dormir chez toi ? Ma mère m’a encore une fois disputé !
En entrant dans l’appartement, il se cogne contre le mur…
- Attention au miroir, tu vas le faire tomber !
Du salon d’où il assiste à cette irruption, Pierre crie :
- Pas grave, il sait comment le raccrocher !
D’un haussement d’épaule Tomoe le fait taire et sert un coca à Tomek.
- Calme-toi, que s’est-il passé ?
∞
Il est vingt-trois heures. Le généraliste qui commence tôt ses consultations à domicile prend congé. Narquois, et en prenant bien soin d’être entendu par Tomoe, il ne peut s’empêcher de « chuchoter » à Tomek :
- Tu peux dormir chez moi si tu veux, j’ai aussi une chambre d’amis…
et il t Il traverse le palier et rentre chez lui sans se retourner !
∞
- Quel con, ce mec ! Pourquoi tu lui fais à manger à ce bâtard ?
- Autant être bien avec ses voisins, non ? C’est une distraction, sans plus et cela m’occupe une soirée… Et puis, il apporte toujours une bonne bouteille… Alors la vérité, maintenant que Pierre est parti ?
- Ma mère a brûlé ma réserve de shit !…
- Les pigeons sur le toit auront eu une bonne bouffée !
- Ouais, c’est comique, merci !
- Je dois encore en avoir quelques grammes, regarde dans la cuisine. Je vais chercher les draps pour la chambre d’amis…
∞
Dernier coup d’œil au miroir dont la buée se transforme en larmes d’angoisse. Elle ne peut s’empêcher de se torturer l’esprit. Chaque fois qu’elle rejoint son lit, elle pense à ce qui l’attend le lendemain. Le boulot, certes, mais aussi les problèmes posés par son appartement…
∞
Fraîchement entrée dans le staff des interprètes, fonction très rémunératrice, elle s’était immédiatement engagée à acheter son logement. Deux-cents-trente mètres carrés, un coup de folie ! Aujourd’hui, dix ans plus tard et après et d’importants frais de rénovation, elle ne peut payer ses mensualités qu’avec d’énormes difficultés.
Elle n’était pas vraiment inconsciente à l’époque. Trop optimiste, elle comptait sur la chance d’hériter d’une tante mourante qui la tenait en haute estime. Hélas, à la lecture du testament, elle a dû faire son deuil de la somme espérée, allée comme tous les biens de la tante à une association d’aide aux animaux…
- Bah ! C’est le printemps, demain est un autre jour, s’était-elle consolée tant bien que mal…
∞
Le lendemain, après le passage rituel par la salle de bain, elle constate le départ discret de Tomek qui a replié les draps et mis la bouilloire à chauffer pour le thé de son hôtesse …!
- Gentil, le gamin ! Quel idiot, ce Pierre !
∞
Il est l’heure de quitter l’appartement. Elle jette un dernier coup d’œil au miroir vénitien. Elle ne se voit pas. Il semble à nouveau embué. Quand ce semblant de brouillard s’estompe, elle voit une femme habillée comme elle mais elle ne la reconnaît pas !
Episode 3
- Madame Tomoe, madame Tomoe !
- Oui Maria. Qu’il y a-t-il ?
- Merci d’avoir accueilli Tomek hier soir mais ce n’est pas lui rendre service. Il en prend l’habitude chaque fois que je le dispute…
- Ça ne me dérange pas. Rassurez-vous, je lui demande toujours de réfléchir à la chamaillerie…
- C’est quand-même pas lui rendre service !
- Compris, Maria ! J’y ferai attention la prochaine fois. Je travaille jusqu’à treize heures aujourd’hui. Vous avez le temps de passer deux heures cet après-midi ? Si ça vous arrange, bien sûr. Je voudrais qu’on nettoie mon nouveau miroir. Il y aura du travail parce qu’on devra le démonter en partie…
∞
La séance plénière du conseil de l’Europe s’est effectivement terminée vers treize heures pour céder la place aux vingt-quatre heures de rencontres bilatérales discrètes bien plus importantes entre les chefs d’états présents.
Tomoe est rentrée chez elle après être passée par le centre de relaxation proche de son domicile. Détendue, elle décroche le miroir avec l’aide de Maria. Couché sur la table de la cuisine, il paraît plus grand mais plus fragile aussi.
∞
Les deux femmes s’attellent à défaire les attaches rouillées qui réunissent les différents petits miroirs qui entourent le miroir central. Ensuite, elles se préparent à laver chacune des facettes à l’eau chaude quand Maria s’écrie…
- Qu’est-ce que c’est ça ?
- Qu’avez-vous trouvé, Maria ?
- Ça !
Maria tend un petit carré de papier densément replié qui empêchait un pareclose de trembloter…
- C’est vieux, on dirait !
- Montrez !
Tomoe se saisit de ce qui servait de calle, l’observe attentivement puis décide de ne pas tenter de le déplier vu son ancienneté et son apparente fragilité.
- Il y a des gribouillis dessus… Je connais à Redu un libraire qui revend de vieux livres. Il saura mieux que nous comment le déplier sans que cela ne tombe en poussière. Je lui téléphone tout de suite…
∞
Redu, une semaine plus tard…
- Alors, Maxime, qu’est-ce que c’est ?
- Patience ! Je dois d’abord le réhydrater pour le déplier…
- Je suis folle de curiosité. Je savais que ce miroir devait me revenir. Je suis certaine que ce bout de papier m’est destiné !
- Le fantastique, la magie, l’extraordinaire, n’existent que dans les livres, ma chère Tomoe !
- Pour une fois, je crois que vous vous trompez, Maxime ! Ce n’est pas l’avis de mon voisin médecin. Pierre ne jure que par les mystères du cerveau, des instincts, de la préscience, des rêves…
- Et c’est un scientifique ? Moi, je ne crois que ce que je vois ! Tentons de déplier ce délicat petit trésor, s’il se laisse faire…
∞
De retour à Bruxelles, Tomoe étudie attentivement ce qui semble être un plan, une carte dessinée à l’encre brunie sur un carré de papier ancien, probablement du dix-huitième siècle, selon Maxime. Cela ne correspond à rien de connu pour la propriétaire du miroir rutilant remonté et raccroché.
∞
Des photocopies de la carte mystère ont été distribuées à certains de ses amis avec pour mission de la décrypter. Personne n’a pu lui donner de réponse satisfaisante. Chose curieuse, un emplacement du plan est indiqué par une croix ansée égyptienne.
C’est finalement Tomek qui, jetant un regard distrait sur une copie qui traînait sur le buffet de l’entrée de l’appartement de Tomoe, s’aperçoit que le dessin un peu flou ressemble, en fait, au plan de l’appartement où ils se trouvent… Au grand étonnement de Tomoe, Tomek a raison ! C’est évident maintenant ! Certes, le dessin est plutôt approximatif mais c’est bien le plan de l’appartement !
Il faut à présent trouver l’endroit indiqué par l’ankh et pourquoi il est marqué…
∞
Très vite avec l’aide d’un Tomek excité comme une puce, le lieu est découvert. Il s’agit de la cuisine. Vidée et fouillée méticuleusement, Tomoe y découvre dans l’armoire qui supporte l’évier de marbre une petite clé, étonnamment contemporaine, reliée à une plaquette affichant un nombre de quatre chiffres !
Perplexe, Tomoe reste assise par terre et observe, dubitative, l’objet incontestablement moderne trouvé grâce à une carte incontestablement ancienne livrée par un miroir tout aussi ancien trouvé par hasard chez un brocanteur qu’elle ne fréquente jamais…
Episode 4
- Alors, ça y est ! Tu es en ménage avec ce freluquet ?
- Pierre, il a seize ans, c’est un gamin !
- Je ne te connaissais pas ce côté… cougar !
- Tu es ridicule ! Ce garçon a d’énormes difficultés scolaires, tu le sais aussi bien que moi, et ce n’est pas son manque d’espace personnel qui peut l’aider. Il n’a pas de chambre, où veux-tu qu’il étudie ? Il dort dans leur séjour. Cela ne lui laisse aucune opportunité pour se consacrer à ses cours. De plus, tu connais le côté speedé de Maria. C’est un homme à tout faire pour elle ! De la manière dont c’est parti, il ne peut que finir comme elle, inculte, manœuvre sans qualification, concierge au mieux ! C’est ce que tu lui souhaites ?
- Bah ! Au pire, il cherchera à dépendre d’un CPAS pour passer ses journées à picoler ou à te draguer !
- Oh Pierre, tu m’énerves ! Déjà que Maria me reproche de lui avoir donné une clé de mon appartement et de mettre mon vieil ordinateur à la disposition de son fils. J’en ai assez d’être réprimandée ! Rentre chez toi !
- Pourquoi as-tu fais ça ? Si au moins il te payait un loyer, mais non ! Ça finira mal, tu verras…
Un instant décontenancée, elle se récrie, explique que dans certaines circonstances, les sentiments font qu’une personne doit dépasser les limites de la raison. Elle a un très grand appartement, plusieurs chambres inutilisées. La présence de Tomek ne la dérange pas. L’attitude de Pierre la déconcerte. Il est jaloux mais cela n’excuse pas son animosité vis-à-vis du jeune qui est un gentil garçon mais qui, en raison d’un environnement délétère, a tout raté ! En conséquence, il en est réduit à se retrouver en section professionnelle alors pourquoi ne pas lui donner un coup de pouce pour cette dernière occasion d’obtenir un diplôme ?
∞
Tomoe n’a cependant pas décidé de consacrer la totalité de ses loisirs à encadrer Tomek… Elle envisage même d’accepter des travaux de traduction en plus de son job d’interprète à la commission européenne. Cela lui sera d’une grande aide pour la soulager de ses charges mensuelles. Sur ce point, Pierre a raison.
∞
Depuis que Tomek loge chez elle, Pierre boude et ne vient plus pour les spaghettis des fins de journées tardives. Elle le regrette. Elle se rend compte que Tomek l’empêche tout de même de vivre sa vie aussi librement qu’avant et pourtant, il ne demande rien et est d’une discrétion inattendue…
Le comble, c’est qu’il lui est impossible de compter encore sur Maria pour faire le ménage hebdomadaire. Maria ne décolère pas de ne plus avoir son fils à son service pour des petits boulots dans le quartier car, cornaqué par Tomoe, il suit à nouveau, et assidument à présent, les cours de l’institut technique…
∞
Chaque soir, Tomoe s’attarde devant le miroir vénitien sous lequel elle a accroché la clé trouvée grâce au message qu’il recelait. Elle ne parvient toujours pas à deviner comment le plan de son appartement et l’emplacement de la clé a pu être dessiné sur ce papier antique…
À quoi peut-elle donner accès, cette clé avec un code annexé ? Le mystère est entier. Il devient même obsédant. Contrairement au message qui a révélé sa cachette, elle n’est pas ancienne. Elle présente les caractéristiques d’une clé de serrure moderne, peut-être même d’un coffre bancaire, ce que lui a été suggéré par un serrurier professionnel !
∞
Tomoe n’avait pas envisagé le fait que son travail à la CE et ses travaux de traduction allaient l’amener insidieusement à une fatigue certaine, à un possible surmenage… L’attitude distante de Pierre l’attriste tout comme sa jalousie envers Tomek. Quand, prudemment, entre deux portes, elle ose évoquer avec lui son mal-être, il rétorque qu’il ne peut que lui prescrire des vitamines et des cachets contre les maux de tête ! Elle regrette amèrement cette virevolte dans leur relation alors que Tomek n’est qu’une ombre dans sa vie. Une ombre certes très présente mais une ombre seulement…
Episode 5
Tomoe a besoin de prendre l’air. Il fait beau, le soleil d’hiver réchauffe la nature. La neige a fondu. Elle laisse son vélo à son domicile. Chaussée de baskets, elle se balade nonchalamment jusqu’au parc voisin où les rives de l’étang invitent à la contemplation. L’eau est à peine ridée par les piqués d’un martin-pêcheur solitaire...
∞
Elle songe à la conversation qu’elle a eue la veille avec Pierre.
Elle le recevait pour la première fois depuis quelques semaines alors que Tomek était parti faire la fête chez des amis de sa classe d’électricité. Pour elle, la soirée se déroulait comme avant l’hébergement de l’ado, passant aisément de l’esprit de l’un à l’esprit de l’autre,(1) quand tout à coup Pierre s’est levé, sentencieux !
- Cendrillon ! La vie est pleine de carrosses mais peu sont éternels ! Tu as choisi un énorme appartement mais il reste vide faute de moyens. Ce n’est pas le gamin qui va te renflouer ! Ce n’est pas tout le monde qui peut rouler en Rolls mais, c’est vrai, il suffit de se rendre chez un concessionnaire pour faire un tour d’essai. Ce n’est pas ce qu’il fait à sa manière, Tomek ?
- Les voitures ne m’intéressent pas, mon vélo me convient parfaitement et les taxis me sont remboursés…
- Pas en totalité !
- Mon appartement est mon seul luxe !
- Qui t’enfonce dans les problèmes…
- On m’a souvent dit que j’avais les yeux plus grands que le ventre ! Mais n’est-ce pas naturel de vouloir une vie meilleure que celle que j’ai vécue jusqu’ici ? Tu ne sais rien !
Dans une atmosphère glaciale, ils ont terminé la bouteille de Saint Amour puis Pierre s’en est allé de l’autre côté du palier. En guise d’au revoir, ils se sont embrassés distraitement mais Pierre l’a serrée contre lui et son baiser a glissé vers les lèvres de Tomoe… Elle s’est reculée avec pudeur…
∞
- J’ai servi du Saint Amour ! Qu’est-ce qu’il va encore croire ? Que je souhaite retrouver l’ancienne complicité qui me manque, oui je l’avoue, et bazarder Tomek ? Il se fourre le doigt dans l’œil ! Décidément, la jalousie survit à toute autre passion du genre humain !(2) Quelle conne je suis !
Du banc sur lequel elle est assise près de la rive, elle lance violemment une pierre dans l’étang silencieux…
∞
Le mystère du petit papier n’est toujours pas résolu. Encore une fois : qui l’a dessiné et quand ? Qui l’a placé derrière ce miroir qui aurait pu être acheté par n’importe qui ? Et cette clé, comment est-elle arrivée dans sa cuisine, scotchée sous un tiroir ? Ces questions l’obsèdent, la torturent, la rongent !
∞
Quand elle rentre de sa longue escapade méditative, elle est surprise par la nouvelle décoration de l’imposant hall d’entrée de son immeuble. « Le Baiser », la statue de Rodin, grandeur nature, trône sur un socle qui semble lourd…
- Qu’est-ce que c’est que ça, Maria ?
- Un cadeau de monsieur Pierre. Il trouve que le hall est trop vide ! C’est lui qui l’a payée, les habitants de l’immeuble ne doivent pas participer !
- Encore heureux ! Cette copie doit valoir une fortune…
- Ça vient de, qu’est-ce qu’il m’a dit ? Ah oui ! Du musée du Cinquantenaire. Il parait qu’ils font des copies pour les gens…
- Ce « Baiser » orne joliment le hall, il donne un certain cachet…
- N’empêche, des gens qui s’embrassent tout nus devant tout le monde ! Y’a quand même des enfants qui passent dans cette entrée…
∞
Tomoe se regarde dans le miroir en refermant sa porte derrière elle. La vieille femme qu’elle y a vue un jour n’est jamais réapparue. Depuis, c’est No Kanetô Tomoe qui lui sourit. Ce soir en passant devant le miroir, Tomoe s’y voit habillée comme lors de son voyage en Egypte avec Pierre… Cela lui rappelle une remontée du Nil qui date de plusieurs mois déjà !
∞
On sonne alors qu’elle n’a pas encore eu le temps de se mettre à l’aise. C’est Maria avec un bouquet de fleurs !
- Merci pour Tomek ! Il a réussi, il a son certificat ! Je m’excuse, je veux bien reprendre le ménage si vous voulez... Et puis… la clé, je sais c’est de quoi !
Episode 6
- Comment Maria ? Que dites-vous ?
- C’est Monsieur Pierre… Un jour, il m’a demandé à entrer chez vous pour faire une surprise. La clé cachée, c’est lui.
- Et le message du miroir ?
- C’est Monsieur Pierre aussi. Il m’a dit de faire semblant de le trouver.
- Pourquoi ces mystères ?
- La clé ! C’est le coffre de l’entrée…
- Quel coffre ? Je ne comprends rien.
- La statue est sur un coffre et vous avez la clé…
Dans le hall du rez-de-chaussée, Tomoe suit Maria vers l’arrière du socle de la statue. Elle découvre une porte de coffre-fort. La clé entre parfaitement dans la serrure. Elle compose le code qui est attaché à la clé et la porte s’ouvre en découvrant un grand chat égyptien en onyx noir qui la regarde de ses yeux aveugles ! Il n’y a rien d’autre…
Quel jeu Pierre joue-t-il ?
Elle a beau épier tous les mouvements sur le palier commun, son voisin s’évertue à l’éviter à nouveau…
∞
Quelques semaines plus tard, elle revient vers son logement après une journée de traduction à la Communauté. La concierge se précipite vers elle :
- Madame Tomoe, Madame Tomoe ! La police est là ! Dans votre appartement ! Quel malheur ! C’est la faute à Tomek !
La porte de l’appartement est grande ouverte sur le palier. Des policiers en interdisent l’accès. Après avoir présenté ses papiers, Tomoe peut entrer et caresser, c’est une nouvelle habitude, la tête du chat égyptien qui trône sur la console, sous le miroir vénitien.
Elle entend les échanges entre les enquêteurs :
- L’appartement est clean ! Rien de spécial !
- Il y avait quand même ceci dans une cache de l’armoire de la chambre du jeune…
- Ce n’est que du shit ! Même pas un gramme ! Rien d’autre ? Bizarre !
- Rien !
- On plie ! Retour au commissariat ! On emmène le gosse ! Madame No Kanetô, excusez du dérangement. On a un peu tout retourné mais rien n’est cassé…
La dizaine de policiers se retire en emmenant Tomek qui jette un regard désolé vers Tomoe pas vraiment inquiétée par les enquêteurs qui, très vite, la blanchiront totalement…
Maria pleure et Tomoe la prend dans ses bras.
- Ils disent que Tomek vend de l’héroïne à l’Institut Technique…
- Maria, ce n’est pas possible ! Il fumait encore un peu mais je ne le vois pas dealer de la drogue dure, c’est invraisemblable.
- Oui mais ses anciens copains, les crapules qui viennent de Saint-Gilles, sont de nouveau dans le quartier.
- Il n’a jamais vraiment fait partie de cette bande…
- La police a dit qu’ils l’ont forcé à vendre à ses camarades à la récréation…
- Je ne peux pas le croire, c’est impossible, pas Tomek !
Ameuté par le ramdam, Pierre ouvre sa porte et se précipite vers Tomoe. Maria se retire en reniflant bruyamment.
- Ouf, ils n’ont pas touché au chat !
- C’est bien le moment de penser à ça, Pierre ! Puisque tu daignes te montrer, dis-moi enfin à quoi rime cette histoire de message sur ce vieux papier et ce chat ?
- Un autre jour ! Je suis en retard pour mes consultations…
- NON ! Je veux savoir ! Maintenant ! Ou tu peux reprendre ton chat et le bazarder avec la statue du hall ! Un baiser ! Ce message est un peu gros, tu ne trouves pas ? Tu m’as habituée à plus de finesse !
Pierre, qui traîne sa mallette médicale, n’attend pas l’ascenseur, contourne Tomoe et se rue dans l’escalier.
- C’est ça, fuis ! Bravo Pierre ! Ton chat séraphique va suivre le même chemin, la poubelle !
Pierre se retourne, remonte et implore Tomoe de n’en rien faire.
- Garde bien le chat ! Je t’expliquerai tout à mon retour, promis juré !
- Je n’en peux plus, Pierre ! Je suis débordée de travail. Je n’ai plus l’occasion de voir mes amis. Je ne comprends pas ton attitude, cela me désespère. Cette histoire de message et de clé m’a torturée et maintenant Tomek est embarqué dans je ne sais quelle histoire… Pierre, je n’en peux plus, je n’en peux plus !
Episode 7
- Une soirée spaghettis, il y avait longtemps…
- Pierre, je ne suis pas d’humeur à rire. Je ne sais plus quoi penser. C’est incompréhensible ! Tomek arrêté ! Maria est dans tous ses états ! Moi ? Je suis fatiguée, débordée. J’ai une mine affreuse. Je ne sors presque plus, c’est Maria qui fait mes courses. Je n’ose plus me regarder dans le miroir, j’y vois une vieille femme à la bouche et aux yeux cousus ! Sans compter ce sang, ce souvenir d’enfance qui hante à nouveau mes rêves comme à chaque fois que je me sens mal… Je n’en peux plus ! Marre !
- Quel souvenir d’enfance ? Tu n’en as jamais parlé !
- A-t-on jamais vraiment parlé ensemble ?
- Mais, tu déprimes réellement ! Je vais te donner quelque chose …
∞
Après le repas, Pierre revient avec une prescription. Tomoe ouvre une deuxième bouteille de Saint Amour. L’ambiance prélude aux confidences et les tensions se sont quelque peu dissipées…
Pierre déclare une fois de plus ses sentiments et Tomoe avoue enfin sa crainte d’une relation avec un homme. Avec beaucoup de réticence, elle révèle avoir été violée digitalement pendant des mois par son demi-frère ainé quand elle n’avait que six ans…
- Situation banale, n’est-ce pas ? Je ne suis pas la première à avoir subi cela, tu comprends ? Mon père et sa deuxième femme, m’ont bourrée, assommée de médocs pour que je me taise. J’ose même penser que c’était pour que rien ne change…
- Comment puis-je t’aider, Tomoe ?
- Certainement pas en me bourrant de tes trucs mais en me disant ce qui se passe réellement ! Maria va t’accuser de « podophilie » comme elle dit…
- Pédophilie !
- Je sais, merci ! Elle voit que Tomek n’a toujours pas de petite amie à son âge, qu’il allait chez toi toutes les nuits et qu’ensuite vous ressortiez ensemble plusieurs heures… Est-ce vrai ? Pourquoi ? Que tramiez-vous ?
Confondu, Pierre avoue avoir parfois vendu de l’héroïne à certains de ses patients en phase terminale…
Au vu de l’argent si aisément gagné, il a développé, avec l’aide de Tomek, ce qui n’était au départ qu’un simple service rendu à des malades !
L’héroïne est cachée dans le chat en onyx noir. Il fallait le planquer hors de son appartement ou de son cabinet, pour le cas où il y aurait une descente des stups chez lui ! Le rôle de Tomek ? Il était sur place pour pouvoir alimenter le chat à l’insu de Tomoe et lui reprendre ce qui était nécessaire à leur petit commerce nocturne. La bande des voyous de Saint-Gilles ? Ce ne sont pas eux qui tenaient Tomek mais bien Pierre et Tomek qui les utilisaient pour les deals près des écoles!
- Tu m’as roulée ! Tous ces mystères ! Pourquoi ne pas m’avoir simplement offert ce chat en me disant ce qu’il contient ?
- Trop simple ! Tu n’aurais jamais accepté de cacher l’héroïne chez toi et puis je voulais te rappeler notre croisière sur le Nil…
- Ah, tu as réussi ton piège au-delà de tes espérances, crois-moi ! Tomek a été arrêté, pourquoi ?
- C’est pour masquer notre connivence que j’ai dû simuler pour toi que je n’aimais pas le voir tourner autour de toi… Des parents d’élèves ont porté plainte et un petit con de la bande Saint-Gilloise n’a pu tenir sa langue. Si Tomek parvenait à ne rien révéler, les flics ne pouvaient remonter jusqu’à moi ! Malheureusement, il a parlé, sans tout dire cependant ! J’ai donc dû rétorquer qu’il avait découvert que j’aidais certaines personnes et qu’il m’avait menacé de me dénoncer pour ces… services rendus à des patients âgés !
- Espèce de manipulateur !
- C’était sa parole contre la mienne et comme il était déjà fiché pour quelques larcins… Moi, j’ai « simplement voulu soulager » quelques patients et c’est Tomek qui m’a obligé à le fournir pour le trafic qu’il a développé…
- Tu es encore plus monstrueux que ce que je pensais ! Sors d’ici et emporte ce foutu chat avant que je ne téléphone moi-même à la police !
Et dégage cette statue ridicule de l’entrée !
Episode 8
Le chat en onyx noir a été emporté par Pierre le soir même de ce dernier spaghetti. La copie en plâtre du baiser de Rodin a été fracassée quelques jours après, on se demande toujours qui a pu faire cela…. Maria n’a pas posé de questionset s’est contentée de balayer les gravas.
∞
Après quelques semaines alors que la pandémie du virus H40-45 dévaste le monde, l’enquête sur le trafic de drogue a été rapidement bâclée. Le procès qui a suivi l’a été tout autant. Pierre a été relaxé par manque de preuves de son implication dans le trafic avec la bande de St-Gilles.
Maria a ravalé la honte causée par cette histoire qui a fait la Une des journaux locaux. Elle est heureuse d’avoir retrouvé son fils après une longue détention préventive. Il est condamné à une année de prison avec sursis et à vingt semaines de travaux d’intérêt général auprès d’une institution soignant des victimes de la drogue ainsi, évidemment, qu’aux dépens du procès. Tomek réoccupe sa place chez Maria et est résolu à réussir sa vie sans ne rien devoir à personne. Il fait montre d’une gêne certaine quand il croise Tomoe dans les communs de l’immeuble.
Tomoe a continué son travail d’interprète auprès de l’UE sans guère de conviction et avec des problèmes de concentration qui ne sont pas passés inaperçus ! Plusieurs fois, elle a dû être remplacée en pleine séance de travail par une collègue de réserve… En dépression, elle est en arrêt de maladie pour un temps indéterminé…
Hagarde, elle passe de nombreuses heures plantée devant le miroir vénitien, les mains appuyées sur la console près de la porte d’entrée de son appartement. Sans le vouloir vraiment, elle entend Pierre aller et venir sur le palier. Elle ne sait comment il gagne sa vie car il a été suspendu par l’Ordre des Médecins pour avoir « surdosé » le traitement de malades en fin de vie.
Maria lui a dit qu’il devait travailler comme infirmier dans le home médicalisé du bout de la rue. Lui aussi est embarrassé quand il rencontre fortuitement Tomoe. En tous cas, c’est l’impression qu’il veut laisser…
Le miroir est embrumé en permanence. Tomoé ne peut plus que se deviner dans cette ombre sans couleur qui lui fait face. Même la vieille femme aux lèvres et aux yeux cousus n’y apparaît plus. Tomoe tourne à vide. Elle se sent désespérément seule, blousée, oiseuse…
Soudain, elle prend conscience que tout va à vau l’eau depuis qu’elle a acquis ce miroir. En vérité, ce beau miroir vénitien dont elle rêvait depuis tant de temps lui a toujours fait peur ! Maudit soit-il !
Epilogue
Il fait nuit. La lune est pleine. Emportant son miroir sous le bras, Tomoe sort de chez elle. Pieds nus, un sac à dos vide, elle se dirige vers le parc et son étang, vers l’endroit qu’elle préfère, où elle a toujours cru pouvoir se ressourcer…
Une inscription est gravée maladroitement dans le bois du banc sur la rive, « Ici, la boue est faite de nos pleurs ! » (3)
Elle pose le miroir au pied d’un arbre, s’agenouille et s’y contemple. A son image floue se superpose par instant l’image de la vieille femme, la bouche et les yeux largement ouverts, exorbités…
- Âme abîmée, flétrie, qui n’a rien voulu voir et n’a rien maîtrisé…
Elle se saisit brusquement du miroir et le fracasse sur un rocher de la rive.
Cela fait, elle remplit son sac à dos et ses poches de gros galets et descend dans la mare.
L’eau est froide et étale.
La pleine lune s’y reflète en milliers de diamants.
Ses pieds nus s’enfoncent dans la vase…
⁎
(1) et (2) Virginia Woolf : Mrs Dalloway.
(3) Baudelaire : moesta et errabunda, Spleen LXII.
Jan Machielsen - Atelier Liliane Windels 2024/2025
Bonjour Jan,
RépondreSupprimerJe suis scotchée à ta nouvelle, la lecture de l'intégralité fait mieux apparaître le mystère qui se creuse et dont tu lèves le secret avec des coups de théâtre. Je me suis souvent demandée comment tu allais t'en sortir ! Toute la nouvelle est sous-tendue par le prologue et, à la fin, la boucle est bouclée.
Ton écriture est très narrative. Pour le choix d'un extrait, je privilégierais un passage dialogué, toujours plus vivant en lecture publique. Ainsi la jalousie de Pierre s'exprime avec ridicule et réalisme. Les passages sont courts, un peu en patchwork. Ne pourrais-tu pas en relier qui se tiennent pour retracer les grandes lignes de ton histoire, quitte, pour respecter les limites du temps de lecture, à laisser les auditeurs en plein mystère ?
Bravo pour cette nouvelle qui tient en haleine, Jan !
Marie-Claire
Bonsoir Jan,
RépondreSupprimerComme Marie-Claire, ta nouvelle m’a tenue en haleine jusqu’au bout. Quel machiavélisme de la part de Pierre ! Il se sert de Tomek et de Tomoe et cela sans vergogne. Et Tomoe se fait doublement abuser d’abord par son demi-frère et ensuite par Pierre mais aussi par Tomek . Je comprends son geste de désespoir. Ta nouvelle tient vraiment la route, comme on dit.
L’extrait que je choisis c’est celui où Tomoe et Maria découvrent le papier en nettoyant le miroir.
Encore bravo Jan !
Cordialement,
Cathy
Bonjour à toutes et tous,
RépondreSupprimerPour ma part, je choisis :
1- Le début de l'épisode 2 jusqu'à "je doois encore en avoir quelques grammes dans la cuisine. Je vais chercher les draps pour la ch
chambre d'amis" ou
Supprimer2) Début épisode 4 jusqu'à "Cornaqué par Tomoe, il suit à nouveau, et assidument à présent, les cours de l'institut technique."
Merci pour vos gentils commentaires bien utiles.
Jan.
Bonjour Jan,
RépondreSupprimerTa nouvelle est absolument passionnante. Une fois qu'on en a commencé la lecture, il n'est plus possible de la lâcher. Attachante Tomoe... machiavélique Pierre (encore que ... Machiavel a-t-il mérité ça ?) et Tomek désespérant de réalisme. Difficile de choisir l'extrait le plus approprié pour la lecture publique. Tout est accrocheur. Le 5, peut-être ? Encore bravo et merci pour le plaisir de la lecture. Amicalement. Andrée
Bonjour Jan,
RépondreSupprimerCe que j'aime chez toi, c'est ta sobriété et ton pouvoir d'évocation.
Tu ne cherches pas à dramatiser artificiellement. Non, tu laisses les faits et les images parler d'eux-mêmes, ce qui donne une force émotionnelle à ta nouvelle.
Le ton des personnages est très naturel et tes images visuelles puissantes.
Tu parviens à changer l'atmosphère au fil des chapitres jusqu'au point final où le désespoir domine. L'étang, les galets et le miroir donnent de la puissance au geste final. On est suspendus aux points de suspension , des points de non -retour...
Merci pour cette très belle nouvelle !
Mon chapitre préféré serait le deuxième.
P.S. merci pour tes commentaires chaque fois encourageants !
Merci pour ta réponse au problème de la "photo" !
Oublié de signer.... C'est moi, Colette
RépondreSupprimerTest
RépondreSupprimerBonjour, Jan,
RépondreSupprimerRéel casse-tête que de choisir un extrait explicite pour la lecture publique, tant il y de petits faits qui rejaillissent sur le comportement des différents personnages.
Je penche pour le climat de fin.
Et en fin de compte, j'opte pour le paragraphe 7 qui (grâce aux aveux de Tomoé) - nous permet d'accéder à son lourd vécu de jeunesse ainsi qu'aux regrettables ratés de Pierre et de Tomek.
La fin de la nouvelle est empreinte d'une densité accrue.
Inévitable évidemment : terminer avec l'Epilogue.
Très belle réussite!
Micheline.
Bonjour Jan,
RépondreSupprimerJe te remercie pour tes commentaires si fleuris. Tu ne m'en voudras pas de me permettre un point de vue différent que je souhaite utile et positif si tu acceptes les remarques que je me suis faites après une lecture attentive et minutieuse comme je le ferais pour moi-même ou pour un ami proche.
Il me semble que certaines explications ne tiennent pas tout à fait la route, peut-être parce que tu n'as pas définitivement choisi entre la manipulation de Tomek par Pierre ou leur totale complicité.
Dans l'épisode 3, Tomek paraît découvrir avec excitation la carte mystère, le plan de l'appart et la clé (du chat). S'il est complice, il joue bien la comédie.
Comment Pierre s'est-il arrangé pour fabriquer un document ancien du XVIIIème siècle, selon le spécialiste de Redu - se serait-il laissé piéger ?, qu'il faut réhydrater pour le déplier et le lire ?
Comment s'est-il arrangé pour le placer dans le miroir et s'assurer que le miroir soit précisément vendu à Tomoé ? Il faut que tout cela soit préparé de longue date. C'est pourquoi il me semble que l'installation de la statue dans le hall pourrait apparaître beaucoup plus tôt. Par exemple dans l'épisode 1 quand il est dit que Pierre est éperdument amoureux de Tomoé. De plus, ils ont fait ensemble ce voyage en Égypte. On comprendrait mieux que Pierre fulmine parce que Tomoé a choisi de demander à Tomek ce service d'accrocher le miroir plutôt qu'à lui. D'ailleurs, si ça avait été le cas, c'est alors qu'il aurait pu placer le papier qui a servi de cale.
L'épisode 5 se termine par des excuses (et la proposition de revenir faire le ménage) de Maria suite à la réussite du certificat de Tomek. Je m'étonne alors de la conversation détendue dès le début entre Tomoe et Maria alors qu'elle sont en froid dans l'épisode 4.
Peut-être tout cela arrive-t-il un peu tard mais je n'aurais pas été capable de le faire plus tôt.
Ça reste une nouvelle étonnante et attachante à plus d'un titre.
Je choisis le dernier épisode et l'épilogue pour la lecture publique.
Avec toute mon amitié, Gisèle
Bonjour Jan,
RépondreSupprimerTa nouvelle sous sa forme intégrale avance tel un destin implacable vers un dénouement dont nous savons tout dès le départ. Tout ton art (qui est grand) est de démonter le mécanisme implacable du destin qui se nourrit des blessures du passé et de la trahison des hommes.
Tu nous présentes une version contemporaine des drames classiques.
Bravo !
Pour la lecture, je propose le chapitre 3 pour la variété des situations, des ambiances et des protagonistes.
Au plaisir d'entendre ton texte et de te revoir. Amicalement,
José
Bonjour Jan,
RépondreSupprimerCe qui est particulièrement plaisant dans est ta manière de rebondir, de trouver des pistes inattendues, de donner aux acteurs une dimension propre et attachante. Le fait de nous dire , dès le début, que normalement ça se terminera "mal" nous amène à se demander qu'elle sera cette fin. Je proposerais peut-être l'épisode 6 mais, bon, pas évident.
Merci encore pour cette nouvelle
Patrick
Bonsoir Jan,
RépondreSupprimerJe m'aperçois que le commentaire publier vendredi n'est pas là.
Bon je vais recommencer. Bravo pour le prologue et l'épilogue , bien trouver ! Très visuel, dramatique mais beau. Tu es le maître du suspens , il est vrai que je me suis demandé comment tu allais faire pour trouver une suite logique à ton histoire? Quelle question quand on connaît Jan!
La vie de Tomoe n'est plus, celle de Pierre et Tomek a été chamboulé, seule Maria semble être épargnée et continue ses ménages .
Le miroir tant rêvé a été témoin du cauchemar vécu par Tomoe.
Tu l'as bien utilisé. Les réflexions de Tomoe m'ont touché surtout sa générosité à vouloir sauver Tomek en lui offrant des conditions d'études plus favorable. Elle ne s 'est pas vraiment relevé de son douloureux passé . Dommage qu'elle ai vécu cette double trahison de Pierre et Tomek. Pour la lecture publique je choisi le texte 2.
Merci. Félicitation!
Nadera
Bonjour Jan,
RépondreSupprimerEn la lisant d ‘une traite, on apprécie davantage encore le suspense de ta nouvelle qui a aussi d’autres qualités : la finesse psychologique, le réalisme des portraits, la vivacité des dialogues. Une toute belle réussite. Merci pour ce plaisir de lecture.
Pour la lecture-spectacle, je retiens, l’épisode 2 qui se suffit sans besoin d’expliquer le contexte et qui privilégie les dialogues. Il faudrait que tu lui donnes un titre.
Bien à toi,
Liliane