mardi 24 décembre 2024

Chapitre 2

Couleur : bleu

Consignes : un personnage qui conseille et un objet souvenir…

 

-         Madame Tomoe, madame Tomoe !

-         Oui Maria.  Qu’il y a-t-il ?

-         Merci d’avoir accueilli Tomek hier soir mais ce n’est pas lui rendre service.  Il en prend l’habitude chaque fois que je le dispute…

-         Ça ne me dérange pas.  Rassurez-vous, je lui demande toujours de réfléchir à la chamaillerie…

-         C’est quand-même pas lui rendre service !

-         Compris, Maria !  J’y ferai attention la prochaine fois. Je travaille jusqu’à treize heures aujourd’hui.  Vous avez le temps de passer deux heures cet après-midi, si ça vous arrange, bien sûr.  Je voudrais qu’on nettoie mon nouveau miroir.  Il y aura du travail parce qu’on devra le démonter en partie…

 

La séance plénière du conseil de l’Europe s’est bien terminée vers treize heures pour céder la place aux vingt-quatre heures de rencontres bilatérales bien plus importantes entre les chefs d’états présents. 

Tomoe est rentrée chez elle après être passée par le centre de relaxation proche de son domicile.  Détendue, elle décroche le miroir avec l’aide de Maria.  Posé sur la table de la cuisine, il paraît plus grand mais plus fragile aussi.

 

Les deux femmes s’attellent à défaire les attaches rouillées qui réunissent les différents petits miroirs qui entourent le miroir central.  Ensuite, elles se préparent à laver chacune des facettes à l’eau chaude quand Maria s’écrie…

-         Qu’est-ce que c’est ça ?

-         Qu’avez-vous trouvé, Maria ?

-         Ça !

Maria tend un petit carré de papier densément replié qui empêchait un pareclose de trembloter…

-         C’est vieux, on dirait ! 

-         Montrez !

Tomoe se saisit de ce qui servait de petite calle, l’observe attentivement puis décide de ne pas tenter de le déplier vu son ancienneté et son apparente fragilité.

-         Il y a des gribouillis dessus…  Je connais à Redu un libraire qui revend de vieux livres.  Il saura mieux que nous comment le déplier sans que cela ne tombe en poussière. Je lui téléphone tout de suite…

 

Redu, une semaine plus tard…

-         Alors, Maxime, qu’est-ce que c’est ?

-         Patience !  Je dois d’abord le réhydrater pour le déplier…

-         Je suis folle de curiosité.  Je savais que ce miroir devait me revenir.  Je suis certaine que ce bout de papier m’est destiné !

-         Le fantastique, la magie, l’extraordinaire, n’existent que dans les livres, ma chère Tomoe !

-         Pour une fois, je crois que vous vous trompez, Maxime !  Ce n’est pas l’avis de mon voisin médecin.  Pierre ne jure que par les mystères du cerveau, des instincts, de la préscience, des rêves…

-         Et c’est un scientifique ?  Moi, je ne crois que ce que je vois !  Tentons de déplier ce délicat petit trésor, s’il se laisse faire…

 

De retour à Bruxelles, Tomoe étudie attentivement ce qui semble être un plan, une carte dessinée à l’encre brunie sur un carré de papier ancien, probablement du dix-huitième siècle, selon Maxime.  Cela ne correspond à rien de connu pour la propriétaire du miroir rutilant remonté et raccroché.

 

Des photocopies de la carte mystère ont été distribuées à certains de ses collègues avec pour mission de la décrypter.  Personne n’a pu lui donner de réponse satisfaisante.  Chose curieuse, un emplacement du plan est indiqué par une croix ansée égyptienne. 

C’est finalement Tomek qui, jetant un regard distrait sur une copie traînant sur le buffet de l’entrée de l’appartement de Tomoe, s’aperçoit que le dessin un peu flou ressemble, en fait,  au plan de l’appartement où ils se trouvent…  Au grand étonnement de Tomoe, Tomek a raison !  C’est évident maintenant !  Certes, le dessin est plutôt approximatif mais c’est bien le plan de l’appartement !

Il faut à présent trouver l’endroit indiqué par l’ankh et pourquoi il est marqué…

 

Très vite avec l’aide de Tomek, le lieu est découvert.  Il s’agit de la cuisine. Vidée et fouillée méticuleusement, Tomoe y découvre dans l’armoire qui supporte l’évier de marbre une petite clé, étonnamment contemporaine, attachée à une plaquette affichant un nombre de quatre chiffres !

Perplexe, Tomoe reste assise par terre et observe, dubitative, l’objet incontestablement moderne trouvé grâce à une carte incontestablement ancienne livrée par un miroir tout aussi ancien trouvé par hasard chez un brocanteur qu’elle ne fréquente jamais…

 

699 mots !

lundi 2 décembre 2024

Chapitre 1

 

 

Couleur : vert

Consigne : problèmes d’argent

 

Heureuse, oui, elle est heureuse face au miroir, Tomoe.

Elle retrouve cette jouissance de son enfance quand elle se regardait dans celui de la petite coiffeuse, rose comme tous les jouets offerts aux filles.

Elle se souvient toujours de cette image trop petite qui ne pouvait que lui rendre une image parcellaire d’elle-même.  Cette image l’a forgée comme elle est aujourd’hui.  Image fascinante, appréciée souvent, combattue plus encore…

 

Ce soir, c’est spaghetti chez elle !  Pierre, son voisin pressant, a apporté un Médoc de derrière les fagots.  Deux bouteilles !  Il faut bien ça pour l’apéro et le plat a-t-il dit.  Tomoe achève de dresser la table, elle dépose trois couverts… 

-         Tomek n’arrive pas.  Ce n’est pas son habitude d’être en retard !

Pierre s’étonne :

-         Ah ?  Il est prévu celui-là ?

-         Ben oui !  Faut le remercier pour avoir accroché le miroir…

-         Un joint l’aurait comblé, non ?

-         Oh, jaloux !

-         Moi ?  D’un gamin de seize ans ?   Qui n’a même pas un poil au menton ?

-         Mais si, tu es jaloux de ce môme…

On sonne à la porte.  Tomek apparaît, visiblement très énervé.  Il se précipite à l’intérieur.  Son bonjour est laconique :

-         Je peux dormir chez toi ?  Ma mère m’a encore une fois disputé !  Pressé, il se  frotte contre le mur…

-         Attention au miroir, tu vas le faire tomber !

Du salon d’où il assiste à cette irruption, Pierre crie :

-         Pas grave, il sait comment le raccrocher !

D’un haussement d’épaule Tomoe le fait taire et sert un coca à Tomek.

-         Calme-toi, que s’est-il passé ?

 

Il est vingt-trois heures.  Le généraliste qui commence tôt ses consultations à domicile prend congé.  Narquois, et en prenant bien soin d’être entendu par Tomoe, il ne peut s’empêcher de « chuchoter » à Tomek :

-         Tu peux dormir chez moi si tu veux, j’ai une chambre d’amis… en traversant le palier pour rentrer chez lui.

-         Quel con, ce mec !  Pourquoi tu lui fais à manger à ce bâtard ?

-         Autant être bien avec ses voisins, non ?  C’est une distraction, sans plus et cela m’occupe une soirée…  Et puis, il apporte toujours une bonne bouteille…  Alors la vérité, maintenant que Pierre est parti ?

-         Ma mère a brûlé ma réserve de shit !…

-         Les pigeons sur le toit auront eu une bonne bouffée !

-         Ouais, c’est comique, merci !

-         Je dois encore en avoir quelques grammes, regarde dans la cuisine.  Je vais chercher les draps pour la chambre d’amis…

 

Dernier coup d’œil au miroir dont la buée se transforme en larmes d’angoisse.  Elle ne peut s’empêcher de se torturer l’esprit.  Chaque fois qu’elle rejoint son lit, elle pense à ce qui l’attend le lendemain.  Le boulot, certes, mais aussi les problèmes posés par son appartement…

 

Fraîchement entrée dans le staff des interprètes-traductrices, fonction très rémunératrice, elle s’était immédiatement engagée à racheter son logement.  Deux-cents trente mètres carrés, un coup de folie !  Aujourd’hui, dix ans après et d’importants frais de rénovation, elle ne peut payer ses mensualités qu’avec d’énormes difficultés.

Elle n’était pas vraiment inconsciente à l’époque.  Trop optimiste, elle comptait sur la chance d’hériter d’une tante mourante qui la tenait en haute estime.  Hélas, à la lecture du testament, elle a dû faire son deuil de la somme espérée, allée comme tous les biens de la tante à une association d’aide aux animaux…

-         Bah !  C’est le printemps, demain est un autre jour, se console-t-elle tant bien que mal…

 

Le lendemain, après le passage rituel par la salle de bain, elle constate le départ discret de Tomek qui a replié les draps et mis la bouilloire à chauffer pour le thé de son hôtesse …!

-         Gentil, le gamin !  Quel idiot, ce Pierre !

 

Il est l’heure de quitter l’appartement.  Elle jette un dernier coup d’œil au miroir vénitien.  Elle ne se voit pas.  Il semble à nouveau embué.  Quand ce semblant de brouillard s’estompe, elle voit une femme habillée comme elle mais ne la reconnaît pas !

 

686 mots.

Texte final

  Le dernier regard…     Prologue   Il fait froid.   La nuit est déjà bien avancée.   La mare étale, pareille à un miroir, reflè...